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Elle fabrique des paniers de maïs depuis l’âge de dix ans…

Qui à Monfort ne connaît Bérénice ? Elle fait partie de ces visages qui nous sont familiers mais, peu d’entre nous savent son histoire.
Née en Italie en 1923, elle passe les dix premières années de sa vie dans un petit village de la province d’Udine. Comme nombreux de ces compatriotes à cette époque, sa famille quitte l’Italie en 1933 pour venir s’installer dans le Gers.
C’est donc à l’âge de 10 ans, en 1933, qu’elle s’installe avec ses parents et ses deux sœurs âgées de 14 et 19 ans au moulin d’En Gauthé où ils seront métayers pendant deux ans. Durant ces deux ans, Bérénice va à l’école, apprend le français et le calcul. Elle quitte l’école à 12 ans car ses deux sœurs aînées sont parties de la maison pour travailler et il faut quelqu’un pour aider les parents. Comme elle maîtrise mieux le français qu’eux, c’est elle qui va sur les marchés et tient les comptes. Bérénice et sa famille ont alors quitté le moulin pour s’installer comme fermiers à Labrihe pendant 12 ans. C’est là qu’elle épouse Angelo et donne naissance à ses trois enfants.
Toute petite déjà, encore dans son village natal, elle a appris à fabriquer des cordes en feuilles de maïs pour confectionner des paniers et rempailler des chaises. Elle arrive en France avec son savoir-faire qui ne la quittera jamais. Elle a fabriqué plusieurs milliers de paniers dans sa vie, vendus par le bouche à oreille dans toute la région et au delà.
Il faut environ 1800 feuilles de maïs pour fabriquer un panier de taille moyenne comme sur la photographie et plus de 2000 pour le plus grand modèle. Il faut assembler les feuilles pour former des cordes qui sont ensuite tressées sur un support. Après quelques temps de séchage, il faut retirer le gabarit et les paniers obtenus sont d’une solidité à toute épreuve et défient le temps. Des paniers de près de 30 ans sont toujours les fidèles compagnons de plusieurs monfortoises.
Son travail est reconnu et apprécié. Pendant la guerre, elle a environ 22 ans quand un fabricant de sacs en cuir de Pau lui propose de venir travailler chez lui pour qu’elle apprenne sa technique inédite à ses ouvrières afin de lancer une production à plus grande échelle. Mais Bérénice qui doit s’occuper de ses parents et de ses enfants décline l’offre.
Elle continue toutefois de confectionner et vendre ses paniers. Grâce à l’argent qu’elle en retire, Bérénice et Angelo épargnent, ce qui leur permettra d’acheter leur propriété de 8 ha en 1946.
Bérénice fait partie de ces gens qui semblent avoir mené plusieurs vies dans un vie. Elle me raconte également qu’outre son travail, elle se rend pendant près de 20 ans, deux fois par semaine, aider sa sœur dans son restaurant à Saint Paul sur Save en empruntant la ligne de bus quotidienne. Après Saint Paul sur Save, elle tient le restaurant de Monfort cinq années durant. Elle peut ainsi acheter la maison au village qu’elle occupe toujours et qu’elle ne quitterait pour rien au monde.
Bérénice ne regrette rien de ses années de labeur et profite aujourd’hui de ce qu’elle possède avec bonheur. Toujours dynamique, grande amatrice de belote et de loto, elle continue aujourd’hui encore, sur demande, de fabriquer ses robustes et beaux paniers, mais aussi des poupées pour les petites filles. Ses objets uniques lui survivront et contribueront à maintenir longtemps son souvenir. Grand-mère et deux fois arrière-grand-mère, elle a transmis son savoir-faire à sa petite-fille.
Merci de nous avoir accueilli avec gentillesse et consacré un peu de votre temps pour raconter votre histoire et nous permettre de la partager avec les monfortois. Du haut de vos 86 ans, continuez à transmettre votre dynamisme et votre bonne humeur.