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La revue spécialisée « Orgues Nouvelles » vient de faire paraitre dans son n° 25 un article mettant en valeur l’orgue de Monfort. Le Gers possède un riche patrimoine organistique composé de 30 instruments répertoriés, dont 13 classés et protégés au titre de monument historique et celui de Monfort en fait partie, reconnu pour sa rare qualité.
A l’origine, cet orgue a été construit en 1840 par le facteur Nicolas Henry pour l’église St Jean de Libourne qui réemploya quelques boiseries et plusieurs jeux d’un orgue du XVIème siècle. L’église étant agrandie en 1857, l’orgue devint insuffisant pour l’édifice; il fut alors revendu à l’église St Eloi de Bordeaux qui était en attente de fin de construction d’un nouvel orgue plus important. C’est par la suite qu’il fut de nouveau mis en vente après qu’il est été substantiellement remanié par les facteurs Wenner et Gotty et acquis en 1857 pour notre paroisse par Mr le curé Laurentie sur les conseils de l’abbé Troyes,
Monté en quelques semaines dès que fut achevée la construction de la tribune, l’instrument fut inauguré solennellement le dimanche 2 août 1857.
Cet orgue possède 21 jeux, dont 10 du XVIIIème siècle, 8 de Henri et 3 de Wenner, sur deux claviers et pédalier. Il est caractéristique de son époque de transition entre classicisme et romantisme. Il est resté intact depuis son installation à Monfort. Les seuls travaux effectués depuis furent l’électrification de la soufflerie au début des années 1950 et un relevage en 1973 par les facteurs Milan Milic et Simon. Depuis, l’instrument étant à bout de souffle sa restauration fut confiée, suite à un appel d’offre en 1998, à l’entreprise Faye de Gallen (Landes) qui prit en main l’ensemble des travaux. En Novembre de la même année, la partie instrumentale est entièrement déposée et transportée dans l’atelier du facteur d’orgues, le buffet restant sur place.
Pendant plus d’un an toutes les pièces, dont certaines étaient très dégradées, sont restaurées en atelier. Les grands soufflets en chêne de Wenner sont regarnis de belle peau mégis. Les 5 sommiers, sorte de grands coffres en chêne dont les soupapes, canaux et glissières forment de véritables aiguillages destinés à alimenter en vent les différents jeux, sont entièrement démontés, ré encollées à la colle chaude et regarnis en peau blanche. Les claviers sont replaqués d’os et tous les mécanismes en bois comme en métal sont nettoyés, restaurés et réajustés.

La tuyauterie fit l’objet des plus grands soins : certains des tuyaux les plus anciens étaient particulièrement fragilisés par la lèpre de l’étain et il a fallu reprendre des centaines de soudures. Beaucoup avaient fini par s’affaisser de leur propre poids ; tous ont été redressés et repassés à la forme. Seuls quelques tuyaux d’origine douteuse ont été remplacés. L’orgue de Monfort compte 1062 tuyaux anciens, dont 90 en bois, auxquels il faut ajouter 108 tuyaux neufs destinés à fournir le Plein-jeux qui ont été fabriqués en copie des tuyaux du XVIIIème siècle existant, plus 39 tuyaux neufs en étain fin pour la façade du Positif factice remplaçant de mauvais tuyaux de zinc.
Le chantier sur place débute alors fin Janvier 2000 avec la restauration du buffet d’orgue. Un échafaudage est mis en place et durant plusieurs semaines les facteurs d’orgues consolident la boiserie, dont une partie située en bordure de la tribune menaçait de s’écrouler et complètent les parties manquantes ou dégradées.
La peinture d’origine en faux chêne est également restaurée et complétée selon les techniques anciennes, toutes les peintures intérieures à base de colle de peaux et de pigments minéraux sont refaites. Le buffet d’orgue ayant retrouvé tout son lustre, le chantier se poursuit alors avec le remontage et les réglages des mécanismes, puis la repose des tuyaux. Les facteurs d’orgues procèdent ensuite à l’harmonisation des timbres et à l’accord général.
L’instrument restauré sera inauguré le 22 septembre 2000, au terme d’un chantier totalisant quelques 3500 heures de travail.
Aujourd’hui cet orgue, véritable joyau musical, a pris une place majeure dans l’écrin que lui offre notre église et retentit de façon puissante et émouvante dans le cœur des Monfortois.

Maintenant que nous avons pris connaissance des caractéristiques de notre orgue, intéressons nous à son installation dans l’église et pour cela consultons un extrait du « livre de paroisse » que tenait Mr le curé Laurentie.

…« Tout étant préparé et convenu avec les ouvriers, il fallut mettre la main à l’œuvre et ce fut le 24 juin 1857, jour de la fête de la St Jean, que l’on a commencé à creuser les fondements des piliers de la tribune. Ces fondements furent creusés jusqu’à une profondeur de 1m40 ou 1m50 où l’on trouva la roche. En les creusant, on trouva une grande quantité d’ossements qui furent recueilli avec soin dans une caisse et que le 26 au soir je portais en cérémonie au cimetière après avoir récité, à l’église, les prières des morts usitées pour les sépultures.
Ces ossements furent ensevelis religieusement au pied de la croix principale du cimetière du coté du levant. (1)

Il fut aussi trouvé d’autres ossements en creusant les fondements de la cage de l’escalier de la tribune. Ils furent traités de la même manière que les premiers. En levant ces cadavres il n’a été rien trouvé qui fut constaté à qui ils appartenaient.
A peine les fondements furent ils creusés que les maçons commencèrent à bâtir les piliers et toute la maçonnerie formant l’avant corps de la tribune dans lequel devait être établi le plancher. Quoique ce travail se fit au fort de la moisson il fut cependant terminé dans une quinzaine de jours. Le plancher fut établi immédiatement après et Mr Gotty, facteur d’orgues, qui avait fait arriver l’orgue à Monfort le 13 juillet put commencer à le placer sur la tribune. L’escalier de la tribune et la cage dans laquelle il devait être renfermé ne furent commencé qu’après que la tribune fut terminée. Néanmoins tout fut terminé le 1er Aout veille de l’inauguration de l’orgue. Je dois cependant dire que la balustrade ainsi que le positif qui l’orne ne furent faits qu’un an après. Pendant que l’on construisait l’escalier et la maçonnerie dans laquelle il devait être établi, Mr Gotty posait le buffet et les divers jeux de l’orgue dont le matériel avait été déposé dans les chapelles St Sébastien et St Roch et dans l’intérieur de la nef de l’église. On ne pouvait se persuader comment toutes les parties de cet instrument, qui, tout démonté occupait l’emplacement de trois chapelles, pouvaient être placé sur cette partie de tribune destinée à recevoir l’orgue. »…

(1 ) Il faut rappeler que la grande croix du cimetière se trouvait, jusque dans les années 1950, au milieu de l’allée centrale et quelle a été déplacée afin de permettre le passage des véhicules ; il semblerait donc que la très ancienne tombe sans inscription qui, aujourd’hui, lui fait face serait l’emplacement où auraient été ensevelis les ossements.

Source :
Extrait de l’article d’Alain Faye dans la revue Orgues Nouvelles
Simone Mauruc-Gallene

 

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